D’abord programmé en avril, le colloque  « Genre et Espace Public »  s’est finalement déroulé, confinement oblige, en visio, ce 13 Novembre de 10h à 13h avec pas moins de 143 personnes en ligne. Trois exposés sur ce thème avec entre chaque exposé  une présentation des Associations partenaires. Nous étions deux de WiN Provence Alpes Cote d’Azur invitées à ce colloque, Nadia Armogathe comme une des formatrices académique égalité et Patricia Schindler en tant que représentante WiN Provence Alpes Cote d’Azur, association partenaire de la Délégation au Droits des femmes. Pour revoir ou revoir le colloque 

Depuis 2019, une journée est dédiée aux référent.es égalité filles-garçons des établissements de l’académie et aux acteurs socio-éducatifs. Elle donne lieu à une série de conférences-débats qui permet d’échanger sur les enjeux de l’égalité femmes-hommes et de faire connaitre les associations et partenaires engagés dans « Osons l’égalité »(1)

     Présentation du film WiN France

Parmi l’ensemble des intervenant.es, un exposé a retenu toutes les attentions, celui de Edith  Maruéjouls (2)  Docteur en géographie humaine, élue « Personnalité de l’année 2019″ par Défis urbains et  beaucoup vue ces deux dernières années dans les médias nationaux, Le Monde, le Nouvel Observateur.. également invitée sur France Inter, ainsi qu’au téléphone sonne en tant qu’experte spécialiste de la géographie du genre.

Dans son analyse, l’aménagement des cours d’école participe de la « ségrégation entre les garçons et les filles ». L’organisation, très répandue, des cours d’école avec un terrain de foot contribuerait grandement à cette ségrégation : les garçons occupent une place centrale, alors que les filles et les des garçons qui ne jouent pas au foot (qui vont d’ailleurs être traités de filles),  sont relégués aux coins. Les filles sont ainsi invisibilisées, même si elles sont nombreuses (Ref.1). ll y a tout un travail culturel pour changer les stéréotypes et offrir un choix plus large d’activités, pour que finalement, les garçons puissent également sortir de ce schéma viril et puissent faire des activités dites pour filles, et inversement.

 75% des budgets publics destinés aux loisirs des jeunes profitent majoritairement aux garçons. Le taux d’occupation des skate-parcs et des stades représente seulement 20% de filles. Les activités qui enregistrent une fréquentation à peu près égale des filles et des garçons sont bien souvent des pratiques où les sexes sont séparés  (natation et athlétisme), et dans tous les clubs, il n’y a plus de pratique mixte sportive  à partir de l’âge de 12 ans.

« Parler de genre et d’espace public c’est poser la question de la place légitime des unes et des autres dans les espaces publics, ce que des géographes ont appelé le droit à la ville(Ref.2).

En bleu l’espace occupé par les hommes en jaune par les femmes, en gris mixte

Les études  réalisées dans l’espace urbain, montrent que les rapports de genre produisent de la différenciation spatiale, définissant des territoires masculins, féminins ou mixtes. Hommes et femmes ne sont présents ni dans les mêmes plages horaires, ni n’empruntent les mêmes parcours,  ni ne fréquentent les mêmes zones (voir image ci dessus). Et, dès  la nuit tombée, on observe des différences de comportement entre hommes et femmes. La nuit l’espace appartient majoritairement aux hommes. Si les hommes ne se posent pas de question, sur les lieux où ils vont, l’heure à laquelle ils rentrent, une majorité de femmes met en œuvre des stratégies d’évitement. Elles ne rentrent pas  seules après une certaine heure, elles évitent les espaces considérés comme dangereux, font attention à ne regarder personne, etc.,  elles se regroupent, rentrent en taxi et évitent les transports en commun.

Edith Maruéjouls pose les questions suivantes : Quelles problématiques rencontrent aujourd’hui les femmes dans une ville pensée par et pour les hommes ? quelles pistes pour appréhender les inégalités réelles, et particulièrement dans les espaces du loisir des jeunes, terreau des inégalités (Ref.3).

Autre sujet, le peu de place que prennent les noms de femmes dans l’espace public . Les chiffres sont là qui indiquent qu’à Paris, par exemple, seulement 2% des rues portent un nom de femme, 3% des stations de métro, et 1 Port sur 37 sur la seine;  également on dénombre  24 statues de femmes contre 325 statues d’hommes.

(1) Osons l’égalité PACA

En 2018, sous l’impulsion de la Direction Régionale aux droits des femmes et à l’égalité de la région PACA, en partenariat avec le rectorat et l’université d’Aix-Marseille, s’est créé un lieu de rencontre et d’échange des différents acteurs et actrices de la sensibilisation des jeunes  (éducation nationale, associations et acteurs socio-éducatifs et culturels œuvrant pour la sensibilisation des jeunes…) le site osonslegalitepaca . Ce site a pour ambition de mettre en lumière les différentes initiatives et les personnes qui interviennent localement et de diffuser les ressources disponibles. WiN Provence Alpes Côte d’Azur  fait partie de l’aventure depuis le début, et est identifiée comme intervenant.

(2) Présentation de Edith Maruéjouls

Édith Maruéjouls est Docteure en géographie humaine et maîtresse de conférences. Membre active de l’association Genre et Ville, elle est fondatrice et directrice de L’ARObE – L’Atelier Recherche OBservatoire Egalité, bureau d’études accompagnant les collectivités à la définition et à la mise en œuvre d’une politique publique intégrée d’égalité. La thèse qu’elle a soutenue en 2014,  est intitulée « Mixité, égalité et genre dans les espaces du loisir des jeunes : pertinence d’un paradigme féministe », elle porte sur  une  analyse de la répartition des filles et des garçons dans les espaces, équipements et temps de loisirs de trois communes périphériques de l’agglomération bordelaise.

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