Le 12 Avril, au Palais BOURBON, Patricia SCHINDLER Secrétaire Générale de WiN France, et Nadia ARMOGATHE Présidente de CASCIOFEE et Co-Présidente de EUROCRATIA organisaient une Conférence-Débat,  avec un programme  « Femmes d’Europe et d’Afrique : Pourquoi elles sont indispensables ? ». Evénement labellisé Semaine de l’Innovation, avec deux thèmes « Femmes, sciences, Technologies et Intelligence Artificielle, un atout pour demain » et « Europe et Afrique un partenariat au Féminin ».

Eugène EBODE, écrivain, essayiste et primé à l’Académie française a assuré tout au long de l’évènement la présentation et l’animation du colloque avec beaucoup de charme et de brio. Eugène est diplômé de l’Institut d’Études Politiques d’Aix-en-Provence, détenteur d’un DESS de communication et a publié de nombreux livres où les femmes en sont les héroïnes.

Ce Colloque débute avec Geneviève BOUCHE, qui pose les grands enjeux de notre époque. Futurologue, Docteure en Sciences de l’organisation de l’Université Paris Dauphine, elle est notamment impliquée dans le développement du numérique en France, tant sur le plan technique que sur son impact sur la vie sociale, économique, politique et juridique. La futurologie est la capacité de repérer les effets conjugués des évolutions qui changent notre environnement à long terme, comme l’évolution de notre modèle de société et son impact sur les institutions. L’Occident est le premier à toucher le bout de son propre modèle de civilisation. Il est à la recherche d’un nouveau modèle, avec peut-être la sortie du patriarcat. Voir le mouvement Mee#Too parti des USA. Dans les dictatures, ceux sont les femmes qui les premières manifestent. L’Afrique bouge elle aussi, de nouvelles opportunités comme les Assises Africaines de l’Intelligence Economique offrent l’opportunité à l’ensemble de la communauté africaine de se rencontrer et de partager les différentes expériences nationales.

La table ronde « Femmes, sciences, Technologie et IA, un atout pour demain » a permis de nous interroger sur le numérique, sciences, Technologie et l’IA, une affaire d’hommes ou pas ?  En 1980, quand l’informatique n’était pas encore à la mode, 25% des ingénieurs étaient des femmes. Est une histoire d’éducation ?

Pour Jésus Javier GIL JUANO responsable d’un projet en IA, le contexte familial oriente notre vision du monde, donc nos choix. Pour lui, d’origine colombienne, environné de « machistes », sa mère féministe lui a permis d’avoir le recul nécessaire et de se poser les bonnes questions.

Marie Christine OGHLY, Présidente de FCE Monde, explique également comment elle a monté sa société Engisoft entreprise Engineering et Numérique et comment le contexte familial lui a également donné cette force d’avancer, grâce au soutien initial de son père. Mais, comment expliquer cette désaffection ?  Est-ce parce que certains secteurs du numérique véhiculent une image très « masculine »?, la méconnaissance des métiers techniques ?, une certaine forme de sexisme dans certains milieux du web ?

 

Elisabeth STIBBE, Responsable pédagogique au CEA, explique qu’il y a une désaffection généralisée pour les sciences, ce qui explique la baisse des femmes dont le % dans ces disciplines a peu évolué.

 

Salina GASMI-LATRECHE de l’association Mères Enfants Paca, Véronique SEHIER, Co-Présidente du Planning familial, et Damarys MAA MARCHAND, Fondatrice, Présidente d’Honneur, Déléguée de Initiatives de Femmes Africaines de France et d’Europe  ont ouvert l’après-midi.  Salima présente l’association dont elle est la Présidente. L’objectif de Salina Gami-Latrèche, au travers son association, est de faire valoir les valeurs de la République aux enfants des quartiers prioritaires de Marseille, leurs retransmettre la passion pour notre pays, les valoriser et les tirer vers le haut.

 

Véronique SEHIER rappelle que « Le Planning familial lutte pour l’autonomie de toutes et tous et pour défendre la laïcité car il n’y a pas d’alternative au vivre ensemble ». En Europe, en fonction de leur pays de résidence il existe, entre les personnes, de fortes inégalités d’accès aux droits et aux services et des discriminations.

 

Damarys MAA MARCHAND présente  l’IFAFE, une fédération internationale d’associations de femmes de toutes origines qui se veut un lieu d’apprentissage de la démocratie participative. Son objectif est de favoriser l’intégration des familles d’origine étrangère dans la société française, de favoriser l’accès aux droits et devoirs des populations migrantes, et d’assurer l’interface entre les personnes et les institutions. L’association est déjà une passerelle entre l’Europe et l’Afrique.

La Table ronde « Europe et Afrique, un partenariat au Féminin » a permis de nous interroger sur la position de la femme en Europe et en Afrique.

 

Sophie DIMITROULIAS, Politologue, Présidente de l’association des Femmes de l’Europe méridionale, Déléguée auprès du Conseil de l’Europe, a ouvert le débat en rappelant qu’en ce début du 21ème siècle, « les libertés et droits fondamentaux de l’individu se pose en termes radicalement nouveaux » et le travail est considérable. Elle rappelle que « S’engager auprès des femmes n’est pas une affaire de promotion individuelle, il faut beaucoup de passion, d’humilité. Cela demande de rester apolitique, anational, areligieux, et de rester vigilante car au cœur de l’Europe les droits fondamentaux des femmes et des familles sont remis en question ».

 

Eugène EBODE, a rappelé combien l’humanité est perfectible. Au travers des femmes qui peuplent ses romans, il aborde les sujets du racisme avec Rosa Park ou du génocide rwandais avec Souveraine Magnifique. Si l’écriture est une nécessité absolue, elle permet de donner une vision perfectible de ce monde.  Eugène conclut en rappelant que le perfectible est passé au travers de 3 Simone : Simone de Beauvoir « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. », Simone Veil porteuse de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse et Européenne convaincue, et Nina Simone qui fut une de première chanteuse et compositrice noire, militante pour les droits civiques aux États-Unis.

 

Marie Rose ABOMOMAURIN, Enseignante, Chercheuse en littérature francophone, clôture cette table ronde en donnant au travers de l’analyse qu’elle a faite de la  littérature orale (conte, épopées, mythes..) une vue de la femme traditionnelle puis contemporaine dans son quotidien en Afrique. La femme traditionnelle est au centre des savoirs, « Son mari c’est son métier ».  Au travers des relations familiales et sociale, elle a appris à être autonome et consolide ainsi son rôle politique et religieux et peut siéger avec les sages. La femme contemporaine fait des études, elle est sans mari et a à tracer un nouveau chemin.

 

La journée se finit par une présentation de Hamsa ADAMOU ANAROUWA, Nigérienne ancienne championne de Taekwondo dont l’objectif est de promouvoir ce sport en Afrique en général et au Niger en particulier, d’en favoriser l’accès aux jeunes et aux femmes aux structures sportives, pour lutter contre la délinquance juvénile, et favoriser la réussite scolaire. Le sport favorise l’autonomie, le respect de l’autre.

Cette journée dédiée aux Femmes d’Europe et d’Afrique a mis en évidence la force des associations de femmes et la passion qui guide ces femmes. Les échanges ont mis en évidence l’importance de renforcer les liens entre Europe et Afrique, les contacts sont pris.

N’oublions pas que si Simone de Beauvoir, Simone Veil ou Nina Simone n’avaient existé, le monde aujourd’hui aurait certainement un tout autre visage. Pour conclure, une dernière fois « Seule on est invisible, mais ensemble invincible » (devise de FCE monde).

L’union fait la force. A l’instar du mouvement des suffragettes qui a fêté ses 100 ans en 2016, le féminisme s’inscrit dans les mêmes enjeux de démocratie, d’humanisme et du respect des droits humains. Ces valeurs féministes sont portées par l’Europe et l’Afrique et ouvriront la voie demain à une démocratie humaniste et égalitaire.

« Restons assise pour tenir debout »

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