- Fem'Energia 2012 - Prix coup de coeur du Jury
Pourquoi avoir postulé ?
Mettre en avant la place des femmes dans notre industrie de production d’électricité d’origine nucléaire, avec toute la singularité que cela comporte, est une idée qui m’a plu car cela représentait pour moi l’opportunité de rendre visible la contribution d’une infirmière en santé au travail et sa spécificité lié à l’environnement « nucléaire ». La proposition de pouvoir m’exprimer sur mon cheminement dans l’univers très masculin de l’industrie du nucléaire a été ma première motivation ; la seconde était de donner l’envie à des femmes, de surcroit, infirmière, d’oser penser que l’on pouvait s’épanouir professionnellement dans un service de santé au travail d’une centrale nucléaire située dans la campagne, au cœur de la région centre. Lorsque j’ai déposé le dossier, je n’avais aucune prétention pour le prix, je le pensais plus « porteur » pour des jeunes femmes entrant dans la vie active ayant leur carrière à construire. J’ai été très surprise que mon témoignage retienne l’attention du jury.
Qu’a représenté ce prix pour vous ?
Cela a été une fenêtre ouverte sur mon univers professionnel, un peu de fierté aussi, pas pour moi, mais pour le métier dont je me faisais porte-parole. Les témoignages de mes homologues des autres CNPE m’ont renforcé dans l’idée que rendre visible une mission tenue par quelques femmes au service des salariés du nucléaire, n’était pas complétement inutile.
Que vous a-t-il apporté ?
L’envie de poursuivre avec la même énergie et d’accompagner d’autres infirmières à trouver leur place dans le monde un peu fermé, des services de santé au travail d’EDF. C’est ce que j’ai fait dans les années qui ont suivi le prix, puisque je suis devenue manageur au sein de l’équipe du SST. J’ai accueilli cinq nouvelles infirmières, j’ai partagé, mon expérience avec elles et j’espère les avoir aidées à trouver leur place dans le respect de leurs attentes et de ce qu’elles voulaient devenir.
Quel message pour nos futures lauréates ?
Osez écrire, osez dire que vous êtes heureuses d’avoir fait le choix de vous lancer dans un monde professionnel qui nous offre la chance de contribuer à faire vivre l’héritage de tous ceux qui sont passés avant nous pour construire et faire évoluer cette machine productrice d’une énergie encore indispensable aujourd’hui. Les femmes ont beaucoup à apporter j’en suis de plus en plus convaincue.
Que faites-vous aujourd’hui ?
Ma curiosité, mon besoin d’en savoir toujours plus, m’ont conduit à dépasser les portes du service de santé au travail pour poursuivre ma mission de préventeur dans un autre service. J’ai suivi une formation complémentaire en prévention des risques qui m’a permis d’obtenir un diplôme européen et depuis un peu plus de deux ans, je suis ingénieur(e) sécurité au sein du service Prévention des Risques du CNPE de Dampierre. Au quotidien, je travaille à préserver la sécurité et donc la santé, des travailleurs du CNPE. Mes missions ne sont pas si éloignées de mon ancien métier. Ce choix tout à fait muri, s’inscrit dans une continuité assez naturelle de vouloir développer et promouvoir la sécurité pour permettre aux salariés de venir au travail sans risque d’altérer leur santé. Je continue à enseigner le secourisme, je participe à la formation des jeunes embauchés dans le domaine de l’amiante, du bruit et plus largement, à la prévention des risques. J’accompagne un étudiant dans le cadre de sa formation d’ingénieur en alternance, et c’est une autre facette du métier que j’affectionne. Je suis dans une équipe de 8 ingénieurs dont 4 sont des jeunes femmes qui sont au début de leur carrière. Nous échangeons nos connaissances et je partage un peu de mon expérience. C’est très enrichissant, je découvre, j’apprends encore beaucoup et ma seule crainte c’est que tout cela s’arrête dans un avenir qui approche… à cause de mon âge…l’inactivité sera une autre étape qu’il faudra que j’apprenne à occuper.