Je travaillais sur le site de La Hague depuis janvier 1988. Troisième femme embauchée par COGEMA en tant que Radioprotectionniste au sein des installations, première à travailler en horaire décalé 2*8, j’exerçais mon métier de cœur, jusqu’au jour où un accident de travail m’a obligé en 1995 à quitter cette activité qui était une passion pour moi.

A partir de ce moment, avec l’aide du Service Médical, du chef de Service Prévention et de Radioprotection et de son Assistante, j’ai réussi ma reconversion en qualité de Secrétaire du Service de Prévention et de Radioprotection (SPR), puis évolué en tant que Correspondante Assurance Qualité et Correspondante Veille réglementaire et normative pour la Radioprotection. Tous ces métiers, que je ne connaissais pas, m’ont été proposés en tenant compte de mon handicap. A la suite d’une réorganisation sur le Site de La Hague, me voilà partie comme Animatrice Qualité, toujours sur le périmètre du SPR.

En 2009, une opportunité de rejoindre la radioprotection côté analyses au Laboratoire Moyenne activité s’est offert à moi. J’ai retrouvé un métier plus technique, malheureusement non adapté à mon handicap : il me fallait de nouveau envisager une autre solution.

En 2012, j’ai rejoint une équipe de 4 personnes au Soutien Production calcul verre au niveau des ateliers de vitrification R7 et T7. Au fil des réorganisations, de 4 nous sommes passés à 3 dont deux personnes à mobilité réduite. Manutention, station souvent debout, le poste, qui n’était plus adapté à mon handicap, combiné à une dégradation de mon état de santé, m’ont conduit à un arrêt de travail de quasiment 5 mois et surtout à une inaptitude à mon poste de travail.

Pas question d’abandonner. A ce moment, une équipe s’est formée autour de moi : Assistante Sociale, Service Médical, Ergonome, SPR et Ressources Humaines pour me permettre de revenir travailler à mi-temps thérapeutique.  Une mission m’a été proposée, un bureau à l’extérieur du Site de La Hague a été trouvé, du matériel adapté a été mis à ma disposition. En parallèle, j’ai bénéficié du soutien d’un mentor du Réseau WE qui m’a permis de ne pas baisser les bras.

Après avoir travaillé à la mise à jour de la base de données des produits chimiques, on m’a proposé de rejoindre le poste d’assistante médicale. Prenant en compte mon handicap lié à mon genou gauche, à mes sciatiques bilatérales et à mes épines calcanéennes, un matériel adapté m’a été proposé. Malheureusement, mes dorsales et mes cervicales n’ont pas supporté la charge de travail car je devais préparer les visites du jour, récupérer les dossiers de la veille et classer les dossiers médicaux du personnel (minimum 2kg, et une quarantaine de dossiers à manipuler par jour). Alors le médecin conseil de la CPAM a prononcé le verdict : passage en invalidité 2.

Aujourd’hui, j’ai appris à gérer mes journées en fonction de mes douleurs, accompagnée par le centre anti-douleurs du Centre Hospitalier Louis Pasteur de Cherbourg-en-Cotentin. Je ne peux avoir une activité prolongée que de 2h. Mais je continue à avoir des activités intellectuelles en participant au fonctionnement d’associations comme WiN ou Courir c’est le pied.

Alors OUI physiquement, j’ai des limites ; mais NON, intellectuellement, je peux tout à fait être capable d’apporter mon soutien autour de moi. La seule difficulté étant de faire en sorte que mon état physique ne se dégrade plus, j’ai retrouvé confiance et optimisme pour les années qui viennent.

Myriam ESPIN

Guide pour les salariés en situation de handicap

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