A l’occasion de la signature du partenariat entre WiN France et Femmes Ingénieurs, Aline des Cloizeaux, Anne-Marie Birac et Andrea Bachrata nous dressent le portrait de cette femme formidable.

Ingénieure chimiste CPE Lyon, diplômée de l’exécutive MBA d’HEC et décorée de l’ordre de chevalier de la Légion d’Honneur, Aline est actuellement Directrice des achats au sein de GE Healthcare. Fortement engagée dans les réseaux depuis de nombreuses années, Aline est aujourd’hui Présidente de l’association Femmes Ingénieurs dont elle fait partie depuis plus d’une vingtaine d’années. Elle est également membre du réseau des femmes « Women’s Network » de General Electric, qu’elle représente au sein du Cercle InterElles.

Femmes Ingénieurs ayant également un rôle de think tank, Aline est régulièrement sollicitée par les instances gouvernementales sur les enjeux de mixité, comme récemment par le Ministère de l’industrie lors de la création du réseau IndustriElles et pour la contribution au guide des bonnes pratiques innovantes en matière d’égalité femmes hommes.

Elle a développé l’ensemble de sa carrière autour de la relation commerciale et le développement des affaires, dans des rôles commerciaux, marketing et aujourd’hui achats.

Le Partenariat entre WiN France et Femmes Ingénieurs a été signé le 1ier Juin 2020. L’objet du partenariat est de partager l’objectif de faire connaitre aux collégiennes et lycéennes les métiers des domaines techniques et en particulier du nucléaire pour WiN, et les métiers d’ingénieurs. Les deux associations WiN et Femmes Ingénieurs souhaitent collaborer dans un esprit de synergie. Les deux associations ont également pour projet de travailler à la mise en commun de leur représentation dans les régions moins industrialisées.

Aline, pourriez-vous décrire votre parcours professionnel en quelques mots ?

Le fil conducteur de mon parcours professionnel c’est la création de valeurs au bénéfice du client. Je continue toujours à apprendre et à développer ma capacité d’impact client, c’est une valeur importante pour moi. Ça m’a amenée à remplir différentes fonctions, dix ans dans le commerce, quinze ans dans le marketing et sept ans aux achats. Mais aujourd’hui, plus encore que la fonction ce qui est important pour moi c’est mon rôle de manager, pour mettre en œuvre une stratégie, organiser et développer mon équipe. J’aime travailler sur des sujets variés, orchestrer la diversité et la complémentarité des compétences afin d’obtenir le résultat escompté.

Votre activité actuelle parait très loin de votre formation initiale d’ingénieur. Avec le recul percevez-vous cette formation comme un atout ?

J’ai une formation en biologie et chimie. Et avant d’entrer chez GE, ma formation m’a aidé de bien comprendre les différents domaines techniques. J’ai souvent porté la casquette d’expert technique. Le fil conducteur de ma carrière c’est la science, et j’ai donc toujours exercé mes métiers dans des entreprises techniques ou technologiques. Ingénieur ce n’est pas un métier c’est une formation. Et la particularité des formations d’ingénieurs à la française est de former des cadres, des professionnels qui sont en capacité d’exercer des fonctions très variées dans un environnement technique.  Je suis cet exemple-là.

De plus, dans le privé on est amené à exercer des fonctions  différentes, c’est donc important de se former tout au long de son  parcours professionnel. Dans mon rôle de manager, je ressentais le besoin de comprendre les fonctions des autres directeurs et directrices et c’est pour ça j’ai décidé de faire un exécutive MBA. Cette formation m’a donné une vision plus transversale de l’entreprise. Je l’ai réussi en parallèle de mon boulot et en étant maman à l’époque d’un jeune enfant.

Par quoi êtes-vous passionnée ?

Côté professionnel je suis passionnée par la maintenance, qui est être à la fois un centre de profit et potentiellement un outil de loyauté des clients. Au sein de GE je suis donc contente de travailler pour la maintenance. Dans ma vie personnelle une chose me passionne, mon engagement en tant que présidente de l’association Femmes Ingénieurs. C’est important pour moi de me mettre au service de l’intérêt général et j’y trouve du sens. Je constate que nous avons tous et toutes, si on le décide, la capacité d’influencer et ainsi contribuer à faire bouger les choses. Moi, je crois profondément à l’équité, à la justice, à la richesse qu’apporte la mixité. Alors apporter plus de la mixité dans notre société c’est une chose qui me passionne.

J’aime aussi beaucoup communiquer autant à l’écrit qu’à l’oral, et j’y prends beaucoup  de plaisir. Ça me ressemble. J’aime pouvoir prendre position, donner mon avis sur un sujet et également faire des posts sur LinkedIn.

Vous êtes fortement investie dans les réseaux de femmes, d’où vous vient cet engagement ?

Je constate souvent qu’on s’engage sur l’égalité hommes femmes soit parce on a vécu des injustices, soit comme dans mon cas parce qu’on a vécu dans un environnement où l’équité régnait, et qu’on a envie de faire en sorte que les choses bougent. Mes parents avaient une répartition des rôles assez stéréotypées mais ça ne voulait pas dire que l’un ou l’autre ne pouvait pas mettre la main à la pâte. Je n’étais pas préparée à la discrimination qui existe dans le monde du travail et quand je l’ai découvert en grandissant, je me suis demandé, ce que moi je pouvais faire pour que cela change.

Ça a commencé à me choquer déjà à la fin de mes études. J’aime le contact humain, le réseau. A la fin de mes études je me suis inscrite au réseau d’Alumni et je suis allée à une première réunion. Mais à cette réunion je n’ai vu que des hommes tandis que dans ma promotion il y avait de 25 à 30% de femmes. Je suis donc allée chercher ailleurs la possibilité d’échanger avec d’autres femmes qui ont le même vécu et j’ai trouvé cela intéressant. En début de carrière j’évoluais dans un milieu extrêmement masculin, mais je le percevais   plutôt comme un avantage surtout dans mon poste de commerciale, il faut dire aussi que j’avais  le sens de l’humour… Et il a fallu que j’avance dans ma carrière pour m’apercevoir que cet avantage pouvait se transformer en un désavantage. Au fur à mesure que j’ai avancé dans ma carrière j’ai été confrontée au plafond de verre. Et ça m’a motivé à m’engager davantage.

Women’s network, Cercle Interelles, Femmes Ingénieurs en quoi ces réseaux sont-ils pour vous complémentaires ?

Le réseau GE Women’s network c’est le réseau de mon entreprise qui est engagé dans la mixité et y contribuer c’est être loyale à mon entreprise. Les réseaux Cercle Interelles et Femmes ingénieurs ce sont des réseaux extrêmement complémentaires. Le Cercle Interelles rassemble des femmes des grandes entreprises technologiques, de formations différentes, Femmes Ingénieurs rassemblent des femmes de même formation issue d’entreprises très diverses. Au sein de Cercle Interelles il y a les réseaux de femmes de 15 entreprises issues de monde technologiques.  Femmes Ingénieurs est une association d’intérêt général, qui est au service de ~200 000 d’ingénieures françaises. Nous avons un vivier de plus de 500 femmes qui vont dans les collèges et lycées pour promouvoir le métier d’ingénieur, ce qui représente une intervention par jour en milieu scolaire.

Quels conseils donneriez-vous à une jeune femme au seuil de sa carrière professionnelle ?

Je lui conseille d’être ouverte à toutes les opportunités, sans se laisser limiter et de ne pas hésiter à changer d’environnement professionnel si celui dans lequel elle se trouve, ne lui parait pas assez inclusif.

Moi, j’ai fait pas mal de développement personnel, et je n’hésite pas à changer. J’ai changé plusieurs fois de métier et de secteur d’activité. Ce que je dis aussi aux jeunes élèves, c’est que j’ai un métier où je gagne correctement ma vie et ça m’offre  la  possibilité de réussir l’équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie privée, et donc de profiter aussi de mon mari et mon fils.


Encadré Femmes Ingénieures (www.femmes-ingenieurs.org)

Cette association se mobilise pour promouvoir les métiers d’ingénieur auprès des jeunes filles dans le monde de l’éducation et promouvoir les ingénieures dans le monde du travail et les conseils d’administration. Elle représente l’ensemble des femmes ingénieures au sein d’IESF (Ingénieurs & Scientifiques de France), la fédération des associations d’ingénieur.e.s françaises.

Encadré InterElles (www.interelles.com)

Le Cercle InterElles agit, depuis 18 ans, en faveur de la mixité et de l’égalité professionnelle dans les secteurs scientifiques et technologiques, avec l’ambition de créer les conditions favorables à l’équilibre des genres et à la performance. Il regroupe les réseaux de 15 entreprises : Air Liquide, Canon, CEA, Dassault Systèmes, EDF, Engie, GE, IBM, Intel, Lenovo, NGE, Orange, Orano, SAP et Schlumberger.

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